Le taux de dépendance économique, un indicateur qui a ses limites

L’évaluation de la dépendance économique est devenue un enjeu majeur pour les acheteurs et les entreprises. En effet cette notion est aujourd’hui reconnue de tous et la bonne pratique de fixer un seuil d’alerte sur la dépendance économique des fournisseurs est devenue courante au sein des Direction Achats. 

 

Une bonne pratique Achats trop souvent détournée : 

Cependant, le fâcheux corollaire de cette bonne pratique Achats serait de considérer cet indicateur comme étant pertinent et suffisant en lui-même afin de qualifier l’état de dépendance économique. 

Ce raccourci encore trop souvent constaté peut entraîner des conséquences pour certaines entreprises, notamment celles de moyenne ou petite taille. 

J’ai souhaité à travers cet article mettre en lumière les limites de cette approche simpliste et souligner l’importance de prendre en compte toutes les nuances existantes pour une évaluation plus équilibrée de cette notion de dépendance économique.

Le piège que revêt le seuil d’alerte dans l’évaluation de la dépendance du fournisseur réside dans le fait que l’acheteur ou l’organisation dans son ensemble s’en contente pour décréter l’état de dépendance économique sans tenir compte de tous les autres aspects et nuances liés à ce concept. 

Ce raccourci peut être le résultat d’une méconnaissance ou simplement d’un besoin de simplification dû au manque de temps ou de ressources, offrant ainsi une sécurité relative sans trop d’efforts. Cependant, cette pratique peut entraîner des conséquences préjudiciables pour le fournisseur comme pour le client. 

Cette approche s’appuie sur l’atteinte ou le dépassement du taux prédéfinit par la Direction Achats pour en conclure que la relation tombe de facto dans la dépendance économique, confondant ainsi l’indicateur d’alerte avec le fait qualifiant la dépendance. 

 

La dépendance économique une notion bien plus complexe : 

En effet la dépendance économique d’un fournisseur ne peut être évaluée uniquement sur la base du taux de chiffre d’affaires réalisé avec le client. D’autres facteurs doivent impérativement être pris en compte pour une évaluation complète.

A titre d’exemple il est important de prendre en compte les alternatives disponibles sur le marché, car si un fournisseur dispose de nombreuses opportunités pour diversifier sa clientèle, sa dépendance économique peut être relativisée voir annulée si elle n’est basée que sur le taux de dépendance. 

Il est primordial d’examiner également la base de clients du fournisseur avant de prendre toute décision, en effet un fournisseur qui maintient une base de clients diversifiée et une solide présence sur le marché peut être moins dépendant économiquement malgré un taux important. 

Les compétences développées par le fournisseur ainsi que ses capacités et atouts spécifiques qui lui permettent de se maintenir sur le marché et de répondre aux besoins de différents clients doivent être également évalué. 

Enfin les critères légaux et notamment ceux établis par la jurisprudence dans ce domaine ne doivent pas être perdus de vu, notamment parce que les risques les plus souvent invoqués sont de l’ordre du juridique plutôt que de l’économique.

Pour une évaluation précise et équilibrée de la dépendance du fournisseur, de nombreux autres éléments que je ne pourrais exhaustivement aborder dans le cadre de cet article peuvent et doivent être pris en compte. 

En conclusion, il est important de garder à l’esprit que le seuil d’alerte portant sur la dépendance économique du fournisseur, n’est pas un critère mais un indicateur de pilotage. L’acheteur se doit donc de tenir compte de toutes les nuances existantes s’il ne veut pas aboutir à une évaluation qui serait inexacte.